
À deux ans et demi, ma fille est entrée dans une phase que j’aime appeler « la phase rebelle ou rien ». Vous voyez ce que je veux dire, la plupart des parents ne la connaissent que trop bien le « « Non non non ! Tu as beau me dire quoi faire, je préfère perdre une jambe plutôt qu’obéir, parce que je suis un dictateur en culottes courtes et que le monde entier doit tourner autour de mon moindre désir. » Vous savez de quoi je veux parler… la phase où l’on passe, du jour au lendemain, de la démocratie paisible à la dictature ? « On s’habille, C. ? » « Non. » « Tiens-moi la main pour traverser la rue s’il te plaît, C. » « Non. » « S’il te plaît C, arrête de hurler et de te rouler par terre dans le magasin. » « Nooooon ! » « C’est l’heure de la sieste. » « Non, non, non, non. » Vous aurez compris.
Chaque fois qu’elle faisait un caprice, mon mari et moi, on se regardait, et on savait qu’on se demandait tous les deux la même question : « On va s’en sortir comment quand elle sera ado ? » Sa défiance totale me rend dingue. Je veux dire qu’elle me rend complètement FOLLE. J’essaie d’utiliser des arguments logiques. J’essaie de lui expliquer ma position de manière calme et raisonnable pour qu’elle comprenne pourquoi je l’empêche de faire quelque chose qui va finir avec le bras dans le plâtre. J’essaie de comprendre ses besoins et ses émotions sans céder sur mes règles. Et j’admets qu’il m’arrive « à l’occasion » de craquer et de péter les plombs ! Que dire ? Je suis humaine.
Mais je dois vous avouer quelque chose. En secret, chaque fois qu’elle me désobéit, je souris en moi-même. Au fond de moi je suis en paix parce que je sais que ma fille est forte. Elle sait ce qu’elle veut, et elle a une volonté de fer. Parce que si elle a le courage de défendre ce qu’elle veut et de me faire face, à moi, sa mère qui est l’une des personnes les plus importantes de son monde aujourd’hui, même si c’est parce qu’elle veut porter sa robe à l’envers, alors elle aura peut-être assez de confiance pour se défendre plus tard dans la vie. Elle saura peut-être dire non à son prof, son boss, son client ou son compagnon. Peut-être, avec un peu de chance, elle restera d’une détermination farouche, et elle se souviendra que ce courage et cette confiance comptent pour beaucoup dans ce qu’elle est. Et dans ce monde fait de #MeToo, ce ne serait pas rien.
Laura Drewett est la PDG et co-fondatrice de l’entreprise Pourquoi Princesse. Elle est aussi maman d’une petite fille vive et turbulente, et d’un petit garçon calme et câlin. Américaine, elle vit dans le sud de la France avec son mari et ses enfants.