Portrait Inspirant // Rencontre avec Stéphanie Gicquel, aventurière incroyable des temps modernes

Stéphanie Gicquel nous inspire ! Athlète de l’extrême elle vient de terminer le World Marathon Challenge, équivalent de 7 marathon en 7 jours sur chacun des 7 continents ! Incroyable non ?!!

De la base de Novo en Antarctique à Miami aux Etats-Unis, en passant par Madrid en Espagne, elle a parcouru 295 km en faisant face à des écarts de températures et de conditions maximales.

Diplômée d’HEC, elle exerce la profession d’avocat, avant de se consacrer complètement à sa vie d’aventurière et de sportive extraordinaire. Parmi les rares à avoir foulé à la fois le Pôle Sud et le Pôle Nord, elle partage ses expériences dans le monde entier et nous montre le chemin de l’audace et du dépassement de soi ! On adore !

Alors quand elle choisit comme titre pour son livre « On nait tous aventurier » (publié chez Ramsay) on a sacrément envie d’y croire !

De tous temps, on voit beaucoup les hommes explorer le monde, mais les femmes aussi sont des aventurières ! A l’image de Stéphanie, un Role Model que l’on aime voir et montrer à nos enfants ! Et si votre fille devenait aventurière et exploratrice un jour ?!

On est tellement heureuses et reconnaissantes d’avoir pu passer ce temps d’échange avec elle !

Comment décririez-vous votre activité ? Aventurière ? Exploratrice ? Sportive de l’extrême ? tout ça à la fois ?

Tout ça à la fois en fait ! Athlète, exploratrice et aventurière, mais aussi auteure et entrepreneure ! J’aime bien le terme d’aventurière, avec le sens de «la passion du changement ». Pour moi l’exploration, c’est vraiment aller sur le terrain. Il peut y avoir de l’exploration sportive, scientifique, ou photographique, toutes sortes d’explorations en fait, avec toujours l’idée d’aller sur le terrain.

Aventurière, regroupe bien toutes mes fonctions actuelles, c’est le fait de changer, de passer d’une chose à l’autre, sortir de sa zone de confort. C’est pour ça que j’aime bien dire que je suis « aventurière du changement » un terme qui regroupe toutes ces activités : Sportive de l’extrême, athlète de haut niveau (*Stéphanie fait partie de l‘équipe de France de 24h), et puis aussi entrepreneur, conférencière et auteure. Quand on évolue dans le monde de l’exploration on a forcément plusieurs activités à la fois : faire des conférences, lever des fonds, participer à des publicités, écrire des livres, réaliser des films. Finalement on est multitâches, et c’est ça qui est intéressant aussi !

Pourquoi avez-vous choisi ce chemin ? y a t’il eut un déclic ?

En fait il n’y a pas eu de « déclic ». C’est vrai que souvent on a l’impression qu’il y a un accident de vie, ou quelque chose qui fait que l’on prend conscience que la vie est courte et qu’il faudrait se réaliser. Ce n’est pas ce que j’ai vécu, en fait j’ai toujours voulu voyager depuis que je suis toute petite et je ne voyageais pas quand j’étais jeune. Et finalement les choses se sont mises en place de manière assez naturelle. C’est à dire que, quand j’étais en école j’ai commencé à voyage, ensuite j’ai poursuivi quand j’étais avocate et puis ça a pris plus d’importance que l’activité dans laquelle j’étais. Mais tout ça s’est fait de manière assez fluide. C’est aussi un concours de rencontre, des rencontres d’explorateurs, des lectures d’ouvrages, on commence à faire un premier voyage puis encore un autre et on se met une barre toujours en plus haute. C’est la même chose aujourd’hui dans le sport de haut niveau. On atteint un objectif et on se dit, on va en atteindre un autre… Mais tout ça s’est fait de manière fluide, ce n’est pas un accident de la vie, c’est vraiment un « chemin », j’aime beaucoup de terme, parce que c’est vraiment ça. J’interviens beaucoup sur cette notion de changement, et souvent on s’attend à ce que ce soit un changement de vie radical. Parfois ça se passe comme ça quand un accident de vie provoque une prise de conscience. Mais ce n’est pas ce que j’ai connu, pour moi c’est plutôt un cheminement. Celle que je suis aujourd’hui elle c’est qu’elle est aujourd’hui parce qu’elle a évolué aussi en école, dans le milieu du droit ou de l’entreprenariat. La sportive que je suis aujourd’hui elle est aussi ce qu’elle est parce qu’il y a eu tous ces chemins là. Il n’y a pas de coupure radicale où l’on oublie complètement le passé, le passé me forge toujours et c’est ça qui est intéressant aussi. Donc pas de « déclic » mais plutôt une passion du voyage, je pense, depuis toute petite, et que je n’avais pas cette occasion de voyager, donc je suis allée peu à peu vers ce rêve en fait. Quand je fais de la performance par exemple dans le sport de compétition, je suis loin du voyage et pourtant ça me plait aussi beaucoup. C’est le fait de faire le premier pas, d’essayer quelque chose et se rendre compte si on est bon ou pas et si on aime ou pas – Je n’aurais jamais pu imaginer que j’aimais l’ultrafond et que j’aimais la compétition si je n’avais pas essayé. Et j’ai essayé sur le tard, car je suis d’une famille qui n’est pas du tout sportive. Donc c’est venu petit à petit par le sport aventure d’abord, avec les treks, de la course dans les chemins on se rend compte qu’on court plus vite, qu’on aime bien ça, qu’on a un potentiel et petit à petit on se met à la compétition, et finalement on aime bien… donc c’est vraiment le fait de faire ce premier pas qui est important aussi pour trouver son chemin, la petite sortie de la zone de confort.

Aviez-vous des modèles (féminins ou pas !) quand vous étiez enfant ?

Non, en fait, j’ai toujours été très curieuse et finalement mes modèles sont un peu toutes les personnes que je rencontre. J’essaye de m’inspirer de tous les chemins et surtout quand la personne évolue dans un milieu qui n’est pas du tout le mien je me pose plein de questions, ça m’intéresse énormément, j’aime bien savoir comment elle a pu évoluer dans telle ou telle activité, comment elle a pu résoudre telle ou telle problématique, comment elle a pu faire telle ou telle chose, parce que je trouve ça très enrichissant. Ce n’est pas une personne en particulier. Et quand j’étais petite c’était un peu la même chose. L’inspiration se faisait quotidien, d’abord à travers les proches, puis par des cercles plus élargis avec les professeurs, les rencontres, …

Quels étaient vos jeux et activités préférées quand vous étiez enfant ?

J’adorais le roller, j’en faisais beaucoup. Très différent de la course à pieds, c’était plus technique en fait. J’aimais beaucoup la gym, les billes et je jouais beaucoup au foot aussi !

J’adorais danser aussi sur toutes sortes de musiques.

Dans votre parcours Avez-vous senti, à un moment, que le fait d’être une fille/femme a été un frein ou a été tout simplement perçu comme original/atypique ? Et si oui qu’avez-vous pensé à ce moment-là, qu’est-ce qui vous a fait avancer ?

Dans l’exploration, le fait d’être un homme ou une femme, ne change pas le fait qu’on est confrontés aux éléments dans des situations extrêmes de la même manière. On peut se retrouver une plein milieu d’une expédition, comme quand j’étais en Antarctique, j’ai connu du mois 50°pendant une dizaine de jours, des situations absolument extrêmes de manque de nourriture, on faisait 70h de marche par semaine, on était extrêmement affaiblis… Et qu’on soit un homme ou une femme au final, c’est la même chose, les éléments sont de toute façon plus forts que nous. En cas de rafale à 300km/h peu importe l’homme ou la femme qui se retrouve dans cette situation….

C’est vrai qu’il y a une représentation, très forte et qui vient du passé je pense, selon laquelle c’est un homme qui explore le monde, c’est un homme qui explore de manière « sportive », qui traverse des continents, qui traverse en ski de randonnée, en tractant des traineaux etc. C’est une représentation très forte de l’homme. C’est vrai que du coup quand on est une femme ce qui est un tout petit plus compliqué c’est pour monter le projet, c’est à dire pour trouver des co-équipiers ou pour chercher du financement ou pour simplement être pris au sérieux. On peut vous dire tout simplement « mais tu n’y arriveras pas… » le « c’est impossible » on l’entend beaucoup plus qu’un homme. Encore une fois c’est une histoire de représentation. A force de montrer un homme grand et fort dans ce type d’expédition, on ne s’imagine pas qu’une femme peut le faire aussi. Et donc ça peut paraître original, atypique. Le frein se fait donc sur le montage du projet, il faut plus de temps pour lever des fonds, pour convaincre. Et en même temps ça vous rend encore plus fort en fait. Quand vous n’êtes pas attendu, vous devenez fort. Quelqu’un qui serait trop attendu tout le temps, qu’on imaginerait être tout le temps le premier, peut avoir une forme de pression que celui qui est moins attendu n’a pas … et on développe aussi une forme de persévérance qui est absolument hors norme, et je pense que ça vient aussi de ces freins. Moi j’essaye de voir ça comme quelque chose de positif et d’en tirer une force.

À quoi ressemble une journée typique dans votre vie ?

Quand on est loin d’une expédition c’est différent.

En ce moment pour la préparation des championnats du monde d’athlétisme qui auront lieu mois d’octobre : Il a beaucoup d’entrainement avec des horaires variables – de 10h à 30h d’entrainement par semaine. La semaine type est plutôt 20h par semaine. Ça varie selon la phase d’entrainement dans laquelle on est.

Le matin, le midi et fin de journée pour les entrainements.

Le reste du temps je participe à des conférences, je prépare des vidéos pour des partenaires, je réponds à des interviews, je prépare des ateliers pour des entreprises dans séminaires de team building. Il y a une grande partie d’activité entrepreneurial, de conseils.

Il y a aussi une grande partie à lire, à faire des recherches et notamment de recherches de financement, de rencontre, de networking

Qu’est-ce que vous aimez le plus et le moins dans votre activité ?

Le plus : le sport et le voyage que e soit dans exploration ou dans la compétition. C’ets la pratique, le fait de voyage dans le cadre de l’exploration mais aussi de la compétition. Par exemple je pars au bord du canal du midi, dans le cadre de mon entrainement, je vais faire aussi un stage en altitude. Donc il y a l’aspect voyage dans toutes les phases. Le corps à corps avec la nature, dans l’objectif de la compétition. Dans l’ultrafond on s’entraine à l’extérieur, en dehors des terrains classiques. A l’INSEP aussi ils disposent de matériels pour s’entrainer en chambre thermique pour se préparer à des conditions extrêmes et spécifiques. On a pris aussi pas mal de données. Ce qui fait partie aussi de mes activités pour les chercheurs pour travailler sur l’impact des conditions extrêmes sur le corps …. l’impact du kilométrage aussi sur la foulée, et on continuera de mesurer des données dans le cadre des sorties en GR Ça permet d’amasser de la données sur l’ultrafond et l’adaptation du corps à des conditions extrêmes.

De plus en plus d’explorateur et de sportif qui permettent la prise de donnée.

J’aime aussi beaucoup le partage, la transmission, inspirer et l’énergie que l’on transmet devant une salle (même si beaucoup de pression en amont).

Le moins : tous les aspects administratifs qui prend un temps considérable sur l’essentiel.

Quels conseils donneriez-vous aux enfants qui ont peur de l’échec, ou pensent parfois que leurs rêves sont inaccessibles ?

Faire le premier pas et aussi réaliser que l’échec peut avoir beaucoup de vertus.

Par exemple : quand on n’atteint pas l’objectif que l’on s’était fixé sur une course (le temps, le podium, l’abandon…) On sait généralement d’où vient l’échec. Il ne faut pas en avoir peur, il faut l’analyser. Et il y a toujours une raison (l’hydratation, l’alimentation, le ravitaillement, un entrainement trop tardif ou trop intensif…) il y a forcément une raison à l’échec – et ce sont toutes ces raisons qui permettent d’être convaincu qu’un jour on va atteindre l’objectif. Ce n’est pas grave de se tromper, ça permet de se connaître, on apprend dans l’échec. Il y a une raison à l’échec, et si on corrige, ça marche. Ça crée aussi une forme de persévérance. Quand tu sais qu’il y a un potentiel, tu y reviens et il faut le voir comme une force.

Comment gardez-vous votre force et votre positivité face à tous ces défis ? Avez-vous une habitude, un rituel ?

La discipline. On a une envie très forte, mais au quotidien il faut la discipline. On a un plan et il faut s’y tenir, même les jours où on ne le sent pas. Quand on a prévu une pause de 10mn, c’est 10mn, pas 8, pas 12 … En expédition ou dans l’entrainement cette discipline est essentielle.

Aussi, la visualisation m’aide beaucoup. Le fait de visualiser que sur le chemin vers l’objectif il y aura des obstacles, que je vais être amenée à courir sous la pluie, durant la nuit, il y aura des moments où j’aurai moins envie, des moments d’ennuis. Le visualiser à l’avance permet de surmonter l’obstacle, de ne jamais subir. C’est très important. On est sur des chemins qu’on a souhaité, donc on peut anticiper les obstacles, ce serait contreproductif de subir alors qu’on est dans un chemin qu’on a souhaité. Visualiser en amont une compétition ou une exploration complètement.

À votre avis, que manquerait-il pour que les filles puissent être inspirées et grandir en pensant qu’elles peuvent tout faire ? que pourrions-nous changer/améliorer ?

En fait, c’est ce que vous faites : montrer de Role Model féminins, ne plus associer un sport ou une activité à un genre. Rendre les femmes dans ces activités plus visibles auprès des filles.

Dans l’exploration montrer les filles autant que les hommes surtout quand ils réalisent exactement les mêmes choses. Il arrive qu’on parle d’eux et puis vous avez fait la même chose à côté et ce n’est pas du tout la même visibilité.

Quels conseils ou devise pourriez-vous donner pour les filles qui ont besoin de faire face aux obstacles et qui pensent, parfois, qu’elles ne peuvent pas ?

« La seule limite à nos objectifs est celle que nous leur donnons » (que l’on retrouve dans le superbe livre de Stéphanie Gicquel « On naît tous aventuriers » aux Editions Ramsay Edigroup).

Si vous avez aimé cet entretien, partagez-le ! plus ces femmes des exceptions seront visibles, et racontées à nos enfants, plus nous avancerons vers l’égalité et contribuerons à agrandir leur champs des possibles !

Murielle Sitruk est co-fondatrice de Pourquoi Princesse. Mère de deux filles déterminées et audacieuses, elle a grandi à Marseille et vit à Paris avec sa famille. 

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